Les 35 ans de Terres d’aventure : un bel age et un beau livre

Terres d’aventure, depuis sa création en 1976 par Hervé Derain et Daniel Popp, ça marche… Ça grimpe aussi, ça glisse… Sous toutes les latitudes et à toutes les altitudes. Pour fêter ces trente-cinq années d’existence, Terdav aurait pu publier un album de souvenirs. On a préféré rendre aux grandes formations naturelles, aux hommes qui les habitent et à ceux qui les ont mis en relation avec d’autres hommes, ce qui leur est dû. C’est que voyager, c’est parcourir des espaces et rencontrer des gens. Au fond, tout le monde voyage ; on voyage autour de chez soi, comme monsieur Jourdain fait de la prose ; on voyage au loin, comme Molière écrit Don Juan. L’écart entre le proche et le lointain met les choses en perspective, accuse des reliefs, produit des idées et des émotions.

Terres d’aventure, sur les traces des grands explorateurs, dirigé par Eve Sivadjian, préface de Jean-Louis Etienne, éditions Solar et Terres d’aventure.

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Les gens de Terres d’aventure ont l’art de ce juste écart. L’art de faire apparaitre les choses et les personnes. C’est une grande réussite pour un voyagiste d’avoir, depuis plus de trois décennies déjà, permis à tant de voyageurs d’approcher et de reconnaitre tant de réalités inattendues.

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Terres d’aventure, sur les traces des grands explorateurs, réactive l’esprit de ces beaux livres d’autrefois dans lesquels les auteurs célébraient, non pas les people, mais les grands hommes (et femmes). Les précurseurs. Ceux qui, avant les encensements que vaut la réussite, ont pris, souvent dans un solide et austère anonymat, les risques nécessaires. Qui sont partis, seuls ou presque seuls, ailleurs à la rencontre d’autrui. Ceux qui ont ouvert des voies et des esprits. Le livre parle donc d’espaces : déserts ; glaces ; forêts ; montagnes ; fleuves. Et d’explorateurs. On peut d’ailleurs jouer un peu : John Muir, montagnes, forêts, déserts ? Wilfred Thesiger, déserts, fleuves, glaces ? Jules Crevaux, montagnes, déserts, fleuves ? Et où ? Des textes biographiques permettent de découvrir (ou de redécouvrir) les itinéraires et les aventures. On y lit des noms qui font encore rêver aujourd’hui : Rub’ al Kali, Scoresby Sund, Yosemite, Kangchenjunga, Nam Kham… Et qui poussent à partir. Le dossier photo est splendide. Pour chaque entrée, photographies anciennes et contemporaines, noir et blanc et couleurs, se répondent qui, d’elles-mêmes, racontent l’histoire d’un siècle de voyages et de découvertes. Insistants appels à ouvrir les portes et à se mettre en route.

Regarder. Pour s’émerveiller, pour le plaisir de voir, pour la beauté des choses et des êtres. Mais aussi pour qu’une certaine conscience naisse que tout cela, de soi, n’est pas éternel. Bien des dégradations sont intervenues ; bien des sites sont en danger ; bien des populations ont été maltraitées. Voyager, c’est encore découvrir cela : le monde n’est pas inépuisable. Il relève désormais de notre responsabilité, puisque l’impact que nous avons sur lui ne saurait être ignoré. Il est, en partie, ce que nous voulons qu’il soit. Les voyageurs auxquels il est ici rendu hommage, et ceux qui se sont mis dans leurs pas, n’ont cessé de le rappeler.

Le livre est disponible dans les librairies Voyageurs du Monde à Paris (55, rue Sainte-Anne, tél. 01 42 86 17 38), Grenoble (16, boulevard Gambetta, tél. 04 76 85 95 97), Lille (147, boulevard de la Liberté, tél. 03 20 06 76 30), Marseille (25, rue Fort-Notre-Dame, tél. 04 96 17 89 26) et Nantes (1-3, rue des Bons Français, tél. 02 40 20 64 39). Ou sur ce site.

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